Contexte : La lombalgie commune correspond à des douleurs lombaires de l’adulte non symptomatiques (sans rapport avec une cause fracturaire, inflammatoire, tumorale ou infectieuse ou avec un tassement vertébral). La lombalgie est un problème de santé publique dans les pays développés. Véritable « épidémie »  liée à la transformation du mode de vie, la lombalgie a une prévalence proche de 30% de la population en 2000,et est un motif fréquent de consultation en médecine générale, de recours au kinésithérapeute et d’automédication. La lombalgie commune représente 90% des lombalgies prises en charge par les professionnels de santé.Ce protocole pluridisciplinaire informatisé a vocation à être accessible à tous les professionnels de santé (PS) d’une maison d’un centre ou d’un pôle de santé.

L’objectif principal de ce protocole est une prise en charge globale afin de diminuer la douleur, de préserver ou restaurer si possible l’autonomie et d’éviter, autant que faire se peut, le passage à la chronicité ou la répétition des récidives. Le protocole permet de faire le lien entre tous les intervenants  (MG, MK, IDE, diététiciens, sages femmes) ; en disposant d’un support simple partagé par tous, rempli par le patient et les PS ; et de responsabiliser autant que possible le patient, en particulier dans la prévention de nouveaux épisodes ;

Treize messages clés issus des recommandations gradés : R : « recommandé» (Gr A ou B, recommandation ou strong recommandation) ; RN : « recommandé de ne pas » (Grade A ou B, no recommandation) ; O : « option » : prescription laissée à l’appréciation du prescripteur et en fonction du patient (Grade C ou X).

  1. Le diagnostic de lombalgie commune repose sur l’élimination des lombalgies symptomatiques (R) ;
  2. L’intensité de la douleur, l’évaluation fonctionnelle et la composante anxio-dépressive sont à évaluer (R) ;
  3. La lombalgie commune aigue est spontanément résolutive dans la plupart des cas, et le traitement de la douleur par du paracétamol est suffisant (R) ;
  4. L’entretien initial est ciblé sur les circonstances de survenue (trauma, mode d’apparition), et le contexte patient (âge, perte de poids, fièvre, mode de vie, travail) (R) ;
  5. Le bilan biologique complémentaire initial d’une lombalgie chronique repose sur NFS, VS, CRP (R) ;
  6. Les principaux facteurs de risque psychosociaux au travail qui favorisent le passage à la chronicité sont à rechercher : monotonie des taches, forte demande psychologique, insatisfaction professionnelle, faible autonomie professionnelle, faible soutien social, peu de reconnaissance (R) ;
  7. Les facteurs médico- psycho- sociaux alertent sur les risques du passage à la chronicité : état dépressif, anxiété, stress, tendance à s’isoler, absence de soutien familial (R) ;
  8. Les fausses croyances concernant le mal de dos sont des facteurs de risques comportementaux : « c’est grave, c’est handicapant, le repos est bénéfique, l’activité physique est dangereuse (kinésiophobie), peur de se faire mal, attitude passive/maladie, attentes excessives/ traitement (R) ;
  9. Le signe de Lasègue est très sensible mais non spécifique d’une atteinte neurologique (O) ;
  10. La lombalgie commune est une douleur de la région lombaire n’irradiant pas au delà du pli fessier (O) ;
  11. Le repos couché n’est pas souhaitable au delà de 2 à 3 jours (RN) ;
  12. Il n’y a pas lieu de réaliser des EC radiologiques avant 7 semaines d’évolution d’une lombalgie commune (RN) ;
  13. La corticothérapie n’est pas recommandée (RN).
  • Sept critères concernent l’élimination d’une lombalgie symptomatique : NFS, VS, CRP, Ostéodensitométrie, Radiographie, IRM, Scanner.
  • Sept critères concernent l’évaluation des risques : Profession à risque, Surcharge (ou déficit) pondérale, Modèle psychosocial, Pratique sportive, Nombre d’épisodes de lombalgie, Risques psychosociaux au travail.
  • Quatorze critères concernent le suivi de la lombalgie commune : Quantification de la douleur EVA, Horaire de la douleur, Conditions de déclenchement de la douleur, Irradiation, Poids, IMC, Latéroflexion G, Latéroflexion dt, Lassègue en degré, Evaluation fonctionnelle par le score de l’échelle Eifel, Endurance : test de Sorensen, Nombre de mouvements limités sur 7, Nombre de séances de kinésithérapie effectuées. 
  • Vingt cinq reminders accompagnent les critères et sont réunis dans un document d’actualisation des connaissances. Un code couleur alerte sur les lombalgies symptomatiques.
  • Deux fiches d’échange et d’information entre patients et PS : Echelle EIFEL et cartographie de la douleur, à commenter lors d’un entretien spécifique.

Le test restreint : 3 fiches de suivi remplies par 3 professionnels de santé : MK, MG et IDE non encore organisés en pôle, d’où des difficultés de remplir la même base Excel.

La cartographie n’a jamais été remise au patient ; le score EIFEL a par contre permis un échange avec les patients et une comparaison dans le temps. Les cas de lombalgie se sont résolus trop vite pour permettre vraiment de s’assurer de l’intérêt de cette fiche de suivi au long court pour éviter les récidives. Le carnet patient n’a pas été remis pour la même raison. Aucun questionnaire de satisfaction n’a été rempli, les commentaires ont été recueillis par téléphone.

La mise en œuvre repose sur l’intégration de critères dans un logiciel partagé par les PS. L’analyse de quelques fiches de suivi, peut permettre de déterminer les besoins d’amélioration et de sélectionner les indicateurs du suivi afin d’améliorer les pratiques.

Mesures d’impact proposées : Tenue d’un registre diagnostic de lombalgie commune, pourcentage de récidives, nombre d’épisodes de lombalgie annuel, etc.

Sources : HAS document ALD mai 2005 : prise en charge massothérapique dans la lombalgie commune : modalités de prescription. RBP de la SFMG fev 2001 : les lombalgies communes. RBP Anaes fev 2000 : Prise en charge diagnostique et thérapeutique des lombalgies et lombosciatiques communes de moins de trois mois d’évolution. RBP Anaes dec 2000 : diagnostic, prise en charge et suivi des malades atteints de lombalgie chronique. Prise en charge kinésithérapique du lombalgique : Conférence de consensus nov 1998 AFREK-Anaes Recommandations.

Document élaboré par un groupe de travail pluriprofessionnel avec la participation de la HAS - novembre 2010

 

protocole pluri-pro HAS