Madame, Monsieur,
Vous postulez à la présidence de la république.
Votre volonté de diriger le pays nous amène à vous interpeller, comme Fédération Nationale des Centres de Santé, sur votre projet en matière de santé publique notamment dans le domaine de l’aide aux Centres de Santé. Vous le savez la pandémie, que nous venons de traverser, a mis en lumière l’urgence de renforcer et de rénover notre système de santé publique autant dans son versant ambulatoire qu'hospitalier.
Les déserts médicaux sont aujourd’hui, malheureusement, une réalité pour des millions de français et si rien n’est fait, selon les projections du ministère, la tendance ne va pas s’inverser avant deux décennies. De nombreux territoires peinent tout simplement à maintenir une offre de soins.
L’enjeu est l’accès aux soins mais aussi la réponse aux défis de demain : vieillissement de la population, maladies chroniques. Le médecin de soins primaires est celui qui peut donner une réponse pour 90 % des patients, dans 90 % des situations.
Si la démographie des professions médicales est devenue un enjeu central des politiques publiques cette dernière nécessite également une refonte de l’organisation des soins primaires.
La prévention est un autre défi posé à notre système de santé.
La France présente des résultats médiocres en matière de prévention des principales pathologies. Nous sommes dans ce domaine en retard comparé à d’autres pays et celui-ci renforce les inégalités sociales et territoriales dans le domaine de la santé.
Depuis plusieurs années la FNCS défend une vision systémique du système de santé avec la volonté d’impulser : la prévention, l’action sur les déterminants de santé, un maillage territorial de structures d’exercice regroupé et coordonné de soins primaires afin d’agir pour un accès équitable à des soins où que l’on soit.
L’objectif est de "rééquilibrer" le système de santé dans sa globalité, d’agir pour une réduction des inégalités sociales et territoriales de santé.
Favoriser l’installation des centres de santé c’est :
- Sortir du débat "pour ou contre" une obligation d’installation pour les médecins qui bloque toute l’évolution de l’ambulatoire.
- Développer un maillage national de structures d’exercice coordonné territoriales en créant un service public de 1er recours pour garantir un accès équitable aux soins de tous les habitants dans tous les territoires. C’est la mission qui incombe à un Service public territorial de santé (SPTS, tel qu’il avait été envisagé par la loi Touraine). Il permettra de lutter contre les inégalités de santé d’accès aux soins en favorisant une politique solidaire auprès des territoires plus vulnérables (ruraux, semi-rural, quartiers prioritaires). Cette proposition permet de ne pas toucher à la liberté d’installation avec un maillage de centres de santé territoriaux dans des périmètres à définir et des réseaux d’antennes pour irriguer en proximité. Un plan Debré de l’ambulatoire ?
- S’appuyer sur un service public territorial de santé qui permet un exercice en équipe. Celui-ci est plébiscité par les jeunes professionnels de santé : les centres de santé cochent même toutes les cases : salariat, travail en équipe, possibilité de faire de la prévention, diversité des activités horaires choisis, pas de tâches administratives et de gestion de locaux. La notion d’équipe sera centrale dans le fonctionnement de la future offre en soins primaires. Elle permettra aux professionnels d’exercer leur métier et leurs responsabilités dans de bonnes conditions. L’enjeu est de leur garantir la capacité d’exercer la plénitude de leurs fonctions en cohérence avec leurs valeurs et leurs aspirations.
- Doter les citoyen-es et les décideurs politiques d’un outil, la seule réponse qui ne touche pas à la liberté d’installation est la création d’un maillage national efficace et reconnu pour promouvoir des politiques d’accès aux soins et de prévention dans l’ensemble des territoires et notamment dans ceux les plus en difficultés. De plus en plus d’associations et de collectivités locales sautent le pas et créent des centres de santé. 2336 centres de santé recensés fin 2020 soit + 175 % en 20 ans et + 40 % de centres de santé médicaux et polyvalents en 4 ans et demi témoignant s’il n’en était besoin de la force de ce mouvement. Un schéma directeur national serait un garant d’équité territoriale.
- Faire le pari d’un système de santé rééquilibré et efficace avec une graduation des soins entre la ville et l’hôpital, qui favorise un exercice pluriprofessionnel et coordonné de la santé. Il permet de développer des coopérations entre les professionnels de santé. Il permet de répondre à la prise en charge des maladies chroniques et de développer une politique ambitieuse de prévention dans tous les territoires
Nous sommes convaincus que l’aide au développement et à la création de centres de santé dans l’ensemble du pays doit s’inscrire dans un projet politique fort qui permettra la mutation de l’ambulatoire. C’est aujourd’hui une nécessité pour répondre à l’ensemble des défis auxquels nous sommes confrontés et qui génère des iniquités territoriales et sociales pour les soins et la prévention.
C’est pourquoi nous souhaiterions connaître vos positions dans le domaine.